Un nouveau départ...

Je venais d'arriver sur cette île, et déjà je me dirigeais vers les écuries. Un endroit si magnifique, qui abritait tant de merveilleux chevaux. J'avais l'impression de retourner dans ma ville, dans mon "chez moi", je me sentais bien.
J'avançais le long des boxes, regardant les chevaux, les détaillant des sabots, à la robes, à la couleurs de leurs yeux. Ils étaient tous si différents les uns des autres. des baies, des isabelles, des pies, avec les yeux marrons, noirs, bleus, verrons. Wahou... Ils étaient tout simplement sublimes. Je regardais aussi avec attention les prénoms qu'on leur avait attribué. De drôles de prénoms, mais qui correspondaient à merveille avec leurs physiques, et certainement leurs caractères. J'aimerais tant les connaître...
Je m'imaginais galopant sur la plage de l'île sur l'un des chevaux présents... Quelque chose que j'ai toujours voulu faire, mais je n'ai jamais eu l'occasion, n'habitant pas à côté de la plage. Je m'évadais un petit moment et puis revins sur terre, et me promettais que je demanderai à Mme la Directrice d'emprunter ses chevaux le temps d'une ballade. Je continuais de regarder ces montures, puis vérifiais qu'elles avaient toutes à manger. Puis je me rendis dans la sellerie, je contemplais le matériel avec lequel les élèves montaient a cheval, et je dois dire qu'ils ont du très bon matériel.
J'entendis soudain des bruits de pas, j'espère que c'est autorisé d'être ici. Sinon j'expliquerais que je suis nouvelle...

L'orage avait éclaté d'un coup ce jour-là. Kendra s'était laissée surprendre par une averse soudaine alors qu'elle tentait de revenir discrètement de la forêt, un endroit interdit d'accès aux élèves en général, mais où elle se rendait très régulièrement. La jeune fille s'était mise à courir à travers la légère brume qui dominait désormais le parc tout entier. Même avec l'instant animal qu'on lui prêtait parfois, Kendra n'aurait su prévoir la pluie qui s'abbatait alors sur l'île, là où en temps normal, le soleil régnait en maître.
Elle s'était alors précipitée vers le premier batiment qu'elle puisse apercevoir, éclaboussant des flaques sur son passage, et tentant désespérement de se couvrir la tête.
Ce ne fut que lorsqu'elle arriva devant l'entrée du petit bâtiment qu'elle le reconnut ; les écuries. C'était parfait. Il y avait longtemps qu'elle avait voulu y retourner, voir comment allaient les chevaux qu'elle affectionnait tant, éventullement les monter. Esquissant un sourire, Kendra songea en soupirant qu'elle ne ferait certainement pas de balade ce jour-là.
La jeune fille avait alors égoutté tant bien que mal ses vêtements et cheveux sous la petite arcade rattachée à l'écurie et était rentrée à l'intérieur de celle-ci d'un pas théâtral.
Ce fut à ce moment qu'elle eut une impression étrange. Elle ressentit soudain un sentiment d'angoisse qu'elle n'aurait su expliquer. Ce même sentiment que d'être observé par quelqu'un à son insu. Ou bien était-ce juste un sixième sens qu'elle devait à son pouvoir de métamorphe. Elle n'aurait su le dire.
Kendra s'arrêta alors et écouta. Rien.
Elle s'avança d'un pas silencieux vers le fond de l'écurie, longeant les boxes où se tenaient les chevaux. C'est alors qu'elle aperçut la porte de la sellerie, entre-baillée. Elle fit quelques pas vers la porte, la poussa et sursauta en découvrant derrière une jeune fille aux longs cheveux bruns qu'elle n'avait jamais vu.
Kendra se rendit vite compte que la personne qui se tenait devant elle avait dû être autant surprise. Elle reprit rapidement ses esprits.
- Bonjour ! lança-t-elle d'un ton hésitant. Excuse-moi si je t'ai fait peur, je croyais être seule.
Elle observa la jeune fille dans les yeux. Si cette dernière était une nouvelle élève, son pouvoir n'était pas très apparant. Surprise de sa propre audace, Kendra lui tendit une main dégoulinante d'eau de pluie, qu'elle retira :
- Je m'appelle Kendra, Kendra Cadalen. Tu es nouvelle ici ?
S'apercevant soudain qu'elle était trempée des pieds à la tête comme si elle venait de sortir d'une piscine toute habillée, Kendra retira honteusement sa main en murmurant des excuses inaudibles avec un petit sourire.

J'étais en train de me demander si j'avais le droit d'être ici, et quelle serait ma sanction si ce n'était pas le cas. Les pas se s'approchaient de plus en plus de l'endroit où j'étais. Et si c'était la directrice ? Si elle me renvoyait de l'Institut ? Qu'est ce que je deviendrai ?
Au fur et à mesure que je me posais les questions, la personne de rapprochait de moi, soudain je vis une jeune fille, aux cheveux blonds, et aux yeux bleus qui entrait dans la sellerie. Elle était jolie, et avait l'air d'être ici depuis pas mal de temps. Lorsqu'elle découvrit que j'étais dan la pièce elle sursauta. Elle me fit peur aussi à vrai dire, elle m'avait surprise. J'espère qu'elle ne va rien dire à la directrice.
Il devait pleuvoir dehors parce que la jeune fille était trempée, espérons qu'elle ait une santé de fer !
Puis elle m'adressa la parole :

- Bonjour ! Excuse-moi si je t'ai fait peur, je croyais être seule.

Elle me regardait dans les yeux, elle essayait surement de savoir si j'étais nouvelle et quel pouvoir j'avais. Puis elle me tendit sa main.

- Je m'appelle Kendra, Kendra Cadalen. Tu es nouvelle ici ?

- Bonjour. Oui j'ai eu un peu peur, je croyais que la directrice venait, et comme je suis nouvelle je ne connais pas encore bien le règlement. Lui dis-je timidement.

- Et, Oh je m'appelle Enly, Enly Marti. Je viens d'arriver.

Puis elle retira sa main, en me gratifiant d'un sourire. Je lui rendis son sourire.

- Tu es ici depuis longtemps toi ?

- Bonjour. Oui j'ai eu un peu peur, je croyais que la directrice venait, et comme je suis nouvelle je ne connais pas encore bien le règlement. Et, Oh je m'appelle Enly, Enly Marti. Je viens d'arriver.
Kendra sourit, tentant d'égoutter discrètement, si c'était possible, ses vêtements trempés. La dénommée Enly parla de nouveau :
- Tu es ici depuis longtemps toi ?
Kendra releva la tête, ouvrit la bouche pour répondre mais aucun son n'en sortit. Elle fronça les souricls pour réfléchir, puis éclata de rire :
- J'ai l'impression d'être ici depuis tellement longtemps qu'il m'arrive de ne plus me rappeler imédiatement à quel moment je suis arrivée !
Elle arrêta soudain de rire. Si elle continuait ainsi, Enly la prendrait probablement pour une folle furieuse qu'il serait indispensable de ne plus approcher. Bah... de toute façon, le mal était déjà fait...
La jeune fille la regardait fixement ; Kendra ne parvenait pas à deviner ses pensées tant son visage était impassible.
- Depuis... que j'ai..., reprit-elle lentement, quatorze ans ! Quatorze... ? Oui c'est ça ! Mais, ça ne fait que deux ans... j'ai l'impression que j'y suis depuis une éternité !
"Mais tu verras, ajouta-t-elle d'un ton beaucoup plus sérieux et posé, plus tu auras vécu ici, plus tu t'attacheras à l'Institut, ici c'est comme une deuxième famille..."
En disant ces derniers mots, le regard de Kendra s'était embrumé et sa voix s'était presque éteinte à la fin de sa phrase, comme si elle venait de se rendre compte de ce qu'elle avait dit. Et soudain, un élan de mélancolie s'empara de son esprit. Enly avait dû remarqué ce brusque changement dans son regard, car elle l'observait désormais d'un oeil surpris, à moins que ce ne fut de la compassion. Mais comment aurait-elle pu le savoir de toute façon...
Kendra éternua soudain si fort qu'elle se prit les pieds dans une bride quio traînait par terre et réussit l'exploit de se rattraper à la poignée de la porte.
- Et zut ! marmonna-t-elle en ronchonnant. Je suis désolée de t'avoir imposé ça, je suis assez connue pour être une grande maladroite !

Kendra était en train de s'égoutter lorsque je lui posai les questions. Intérieurement cette jeune fille me faisait rire, elle avait quelque chose de particulier, quelque chose que j'avais envie de découvrir.
Après ma dernière question, Kendra essaya de parler... Mais aucun son ne sortit de sa bouche... Bizarre... Puis tout d'un coup elle éclata de rire... Cette file était décidément géniale ! oui c'est ça je la trouvais géniale !

- J'ai l'impression d'être
ici depuis tellement longtemps qu'il m'arrive de ne plus me rappeler
imédiatement à quel moment je suis arrivée !

Elle rigolait encore, j'essayais de lire en elle.. mais rien. J'étais concentrée, et mon visage était impassible. Puis Kendra continua :

- Depuis... que j'ai..., reprit-elle lentement,
quatorze ans ! Quatorze... ? Oui c'est ça ! Mais, ça ne fait que deux
ans... j'ai l'impression que j'y suis depuis une éternité !
"Mais tu verras, ajouta-t-elle d'un ton beaucoup plus sérieux et posé, plus tu auras vécu ici, plus tu t'attacheras à l'Institut, ici c'est comme une deuxième famille..."

Après sa dernière phrase, j'ajoutai moi aussi :

- Oui, ça ne fait pas longtemps que je suis ici, et pourtant je m'y sens déjà bien. J'aime les gens, enfin le peu que j'ai rencontré, et j'aime l'endroit, si calme, si paisible. C'est reposant, et apaisant !

Néanmoins, je voyais que quelque chose n'allait pas après qu'elle eut prononcé les quelques mots de sa précédente phrase. J'essayais de deviner ce qui avait pu se passer dans sa vie, pour qu'elle se sente si triste. j'avais envie de savoir. J'étais perdue dans mes pensées, lorsque Kendra éternua si fort qu'elle se prit les pieds dans une bride. Je me précipitai tout de suite vers elle pour la retenir, elle s'était aussi retenue à la poignée de la porte. Lorsque je la touchai j'eus une prémonition...
Tout se passa très vite, je vis une dame, en train d'accoucher d'une petite fille, puis cette jeune femme mourut. Je vis également cette même petite fille avec un homme, puis une tempête puis je la vis seule. Son père avait disparu...
En quelques secondes je revins à moi complètement perturbée. C'était donc pour ça... Kendra n'avait plus de famille...
Elle m'adressa un regard puis me parla :

- Et zut ! marmonna-t-elle en ronchonnant. Je suis désolée de t'avoir imposé ça, je suis assez connue pour être une grande maladroite !

- Oh ne t'inquiète pas, lui dis-je, je suis assez maladroite aussi.

La jeune fille me regardait, avait-elle compris que j'avais vu son passé ?

- Sinon, tu possèdes quoi comme don toi ?

- Oh ne t'inquiète pas, lui dis-je, je suis assez maladroite aussi.

Kendra observa un instant Enly. Il y avait quelque chose dans son regard qui l'intriguait. En vérité, elle semblait avoir la même expression qu'elle, une expression de tristesse, non plutôt de compassion. Kendra tenta de deviner ses pensées, mais en fut bien entendu incapable. Au bout de ce bref instant de silence, le visage d'Enly s'éclaircit.

- Sinon, tu possèdes quoi comme don toi ?

Kendra lui sourit de nouvea, chassant de son esprit la gêne qui l'avait occupée.

- Oh ! Eh bien, je suis métamorphe, répondit-il simplement, j'arrive à me transformer en animal, uniquement ceux de ma taille bien sûr. Mais c'est toujours très aléatoire, je ne sais jamais en quoi je peux me transformer.

Puis, étrangement, sa voix se perdit dans le murmure du vent qui secouait les arbres au-dehors.

- Il... il n'y a que quand je suis triste, ou que j'ai peur que je me transforme en loup, reprit-elle, le regard fixé dans les yeux de son interlocutrice. Enfin, en louve bien sûr.

Un coup de tonnerre fit soudain trembler l'écurie, comme souvent les jours d'orage. Il ne pleuvait pas souvent sur l'île, mais les jours où cela arrivait, c'était la tempête.

- Et toi ? demanda alors Kendra, curieuse de perçer le mystère du pouvoir de la jeune fille. Quel est le don qui t'as ammené ici ?

Kendra me souriait. Elle avait un joli sourire, avec deux petites fossettes pas très apparentes, mais qui lui donnait un certain charme.

- Oh ! Eh bien, je suis
métamorphe, répondit-il simplement, j'arrive à me transformer en
animal, uniquement ceux de ma taille bien sûr. Mais c'est toujours très
aléatoire, je ne sais jamais en quoi je peux me transformer.

- Wahou !!! Tu te transforme en animal ?? Mais c'est génial ! ça doit vraiment être chouette, te sentir libre comme ils le sont. J'aimerais savoir quelle sensation ça fait...

Mais Kendra baissa ses épaules, comme si quelque chose la contrariait encore, puis elle me dit tout doucement :

- Il... il n'y a que quand je suis triste, ou que j'ai peur que je me transforme en loup. Enfin, en louve bien sûr.

Elle avait ses grands yeux bleus fixés dans les miens. J'étais assez gênée par ce regard. J'avais l'impression qu'il traduisait une souffrance, surement celle que j'ai vu dans ma prémonition. Que voulait dire ce regard ?
Puis elle reprit :

- Et toi ? Quel est le don qui t'as ammené ici ?

- J'ai des prémonitions lorsque je touche une personne ou un objet. Je capte ses sentiments, son passé, ou son futur. Quelque chose de bien ou de mal. Cela me permet d'en savoir plus sur les gens, de les aider. J'aime ça !

Je ne savais pas comment lui avouer tout ce que j'avais vu. Peut être que je devrais garder le silence.

- Sinon, tu aimes les chevaux ? lui demandai-je en me tournant vers les selles.

- J'ai des prémonitions lorsque je touche une personne ou un objet. Je capte ses sentiments, son passé, ou son futur. Quelque chose de bien ou de mal. Cela me permet d'en savoir plus sur les gens, de les aider. J'aime ça !

Enly sembla soudain presque mal à l'aise. Son regard dégageait une sorte de gêne, non pas de recul, mais quelque chose d'autre que Kendra ne parvenait pas à définir. Les yeux de la jeune fille s'était presque figés après qu'elle eût dit ses dernières paroles. Elle l'observa attentivement, tentant de comprendre les raisons de ce changement d'attitude si soudain. Kendra sentait une étrange impression l'envahir. Des prémonitions... Une idée traversa soudainement son esprit. Se pourrait-il qu'elle ai pu voir...

- Sinon, tu aimes les chevaux ? demanda soudain Enly, son visage changeant brusquement d'expression.

Elle désignait les selles qui se trouvaient sur le mur face à Kendra. Cette dernière chassa ses pensées de son esprit et fixa son regard vers le mur. À côté des selles, elle aperçu la pluie orageuse de ce début d'automne ruisseler contre une fenêtre. Le lointain murmure du vent la fit frémir.
Elle se tourna de nouveau vers Enly et un sourire s'esquissa sur son visage.

- Oh oui ! répondit-elle d'un ton enjoué qu'elle ne se saurait cru capable d'adopter. Beaucoup ! Mais je dois t'avouer que je ne suis pas la meilleure cavalière au monde, malheureusement ! Mais, j'essaye de m'améliorer.

Kendra adressa un large sourire à Enly, tout en continuant d'égoutter ses vêtements et ses cheveux.

- Et toi ? Tu montes ?

J'étais quelque peu perturbée par ce que je venais de voir, et ce que Kendra aurait pu comprendre au fil de mes propos. D'ailleurs, je voyais qu'elle m'observait, qu'elle essayait de comprendre pourquoi j'étais mal à l'aise avec elle. Je ne pouvais pas lui avouer tout de suite... Impossible.

- Sinon, tu aimes les chevaux ? lui demandai-je en me tournant vers les selles.

A côté des selles se trouvait la fenêtre où nous pouvions voir la pluie. Cette pluie qui n'arrêtait plus de couler, depuis pas mal d'heure déjà. Elle ruisselait contre la vitre, l'inondant, nous empêchant de voir ce qu'il se passait dehors. Rien surement, pensais-je, vu le temps qu'il fait, tous les élèves doivent être à l'intérieur.
Kendra se tourna de nouveau vers moi. Elle me fit un petit sourire, puis me dit :

- Oh oui ! Beaucoup ! Mais je dois
t'avouer que je ne suis pas la meilleure cavalière au monde,
malheureusement ! Mais, j'essaye de m'améliorer.

A la fin de sa phrase, Kendra m'adressa à nouveau un sourire, et se remit à s'égoutter. Ce qui me fit sourire. On ne voyait pas souvent quelqu'un qui s'essuyait comme ça !

- Et toi ? Tu montes ? reprit-elle.

- Oui je monte depuis pas mal de temps maintenant. lui dis-je d'un ton calme, mais amusé par la vision de Kendra qui se séchait. Depuis que je suis petite je suis sur un cheval, et je dois avouer que je ne pourrais pas m'en passer ! lui fis-je avec un petit sourire. Tu montes depuis quand toi ?

Je la trouvais vraiment sympa et c'était la première personne que je rencontrais. Elle deviendra surement une grande amie. A cette pensée, je lui fis un sourire.

- Et toi ? Tu montes ?

Toujours occupée à égoutter ses vêtements, Kendra lui jeta un regard interrogateur.

- Oui je monte depuis pas mal de temps maintenant. Depuis que je suis petite je suis sur un cheval, et je dois avouer que je ne pourrais pas m'en passer ! m'avoua Enly en souriant, certainement amusée de voir son inertocutrice s'agiter devant elle. Tu montes depuis quand toi ?

Kendra égoutta une dernière fois ses cheveux et constatant qu'il fut serait impossible de mieux faire, elle arrêta son geste, puis fixa un regard songeur vers Enly. Depuis combien de temps montait-elle ? Ou du moins, quand avait-elle monté pour la première fois de sa vie ?
Tandis qu'elle réfléchissait, des bribes de souvenirs surgirent tels des flashs dans sa mémoire. Elle était petite et tentait de caresser un cheval bien trop grand pour elle. Puis, elle était plus grande et parvenait à brosser délicatement la crinière d'un grand poney. Elle montait enfin, le vent fouettant son visage. Quelle sensation extraordinnaire...
Elle revoyait tout. Les éclats de rire. Les cris de joies. Les sourires.
Soudain, un visage apparu et chassa tous les autres souvenirs dans un tourbillon noir... "Je reviendrai ! Je te le promets !"
Kendra vascilla. Sa tête lui tournait et lui faisait mal. Si mal que des larmes s'étaient mises à couler sans qu'elle ne s'en rende compte. Ou bien était-ce dû à la vision de son père ?

- Depuis... depuis mes huit ans je crois, répondit alors Kendra, la tête dans ses mains, les yeux se fermant doucement.

La silhouette d'Enly devanait plus floue à mesure que les secondes s'écoulaient et le murmure de la pluie s'était mis à résonner dans sa tête. La voix d'Enly sembla alors lointaine et distante. Mais cela ne dura qu'un instant. Après qu'elle eu réussi à attraper une chaise et à s'asseoir dessus, Kendra se sentait déjà mieux.

Je me sentais bien en sa compagnie, elle dégageait vraiment quelque chose de bon. J'avais vraiment de la chance d'être tombée sur elle dès le premier jour. Au moins je n'avais plus peur de rencontrer des personnes vraiment méchantes, et pas sympathiques. Grâce à elle, tous mes doutes s'envolaient, et j'étais heureuse d'être à l'Institut.
Dehors, la pluie continuait à tomber. C'était assez impressionnant, et on pourrait croire qu'à peine un pied mis dehors on allait s'envoler ! Là où j'habitais avant il ne faisait pas souvent ce temps là. Le soleil était souvent au rendez-vous, et la pluie répondait absente. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, j'aime la pluie. Ce temps là inconnu me laisse toujours une envie de cocooning !
Après ma question, Kendra essayait en vain de s'égoutter les cheveux. Elle me faisait rire. Puis elle s'arrêta lorsqu'elle vit que ça ne servait à rien, et qu'une bonne serviette lui aurait plus servi ! Je le regardait, et elle leva son regard vers moi. Elle me scruta, un air interrogateur sur le visage. Elle devait réfléchir, mais à quoi ? J'aurais bien aimé le savoir.
Et, alors que j'essayais de deviner en vain ses pensées, son visage s'obscurcit soudain, ses yeux étaient vide de tout sentiment, elle était raide comme un piquet. J'eus très peur, je me demandais ce qu'il se passait. Je le voyais vaciller sans pouvoir faire quelque chose. Puis ses larmes se mirent à couler, d'un coup, sans s'arrêter. Mais que se passait-il ?
Elle prit sa tête dans ses mains, et me répondit d'une toute petite voix :

- Depuis... depuis mes huit ans je crois.

Je la regardais toujours, sans rien comprendre. Elle prit une chaise et s'assit dessus, surement pour reprendre ses esprits.

- Kendra, tu es sûre que ça va ? Lui dis-je d'une voix calme. Je ne voulais pas la brusquer.
Je m'inquiétais réellement pour elle...

- Kendra, tu es sûre que ça va ? demanda soudain la voix loitaine d'Enly.

Kendra rouvrit les yeux. Sa vue se fit bientôt plus nette, les contours s'affinant peu à peu. Son corps redevint plus léger, et les sons qui se pressaient à ses oreilles lui parvinrent plus disctintement. Devant elle se tenait Enly, les traits de son visage altérés par une inquiétude sincère pour la jeune fille.

- Oui, je crois, répondit Kendra en se relevant doucement.

Lorsqu'elle fut debout, elle faillit perdre l'équilibre, mais parvint à se tenir droite en se concentrant. À cet instant, un coup de tonnerre retentit près des écuries. Les murs tremblèrent un instant, mais elle ne s'inquièta pas. Malgré leur apparence, ces murs étaient solides. Elle jeta un regard vers la petite lucarne qsui surplombait les équipements. La pluie tombait drue.

- Je ne sais pas ce qui s'est passé, dit-elle à Enly, qui paraisssait toujours soucieuse, d'habitude je ne fais jamais de malaise.

Mais Kendra savait bien qu'elle connaissait la cause de son trouble ; les images de la nuit où son père avait disparu ne cessaient de tourbillonnaient inlassablement dans sa tête dès lors qu'une tempête s'abattait sur l'île. Elle avait le sentiment de se souvenir de quelque chose de plus à chaque fois. Si seulement elle avait pu voir ce qui c'était passé cette nuit-là...
Soudain consciente de la gêne qu'elle occasionnait certainement à Enly, Kendra se retourna vers elle et lui lança d'un ton qui se voulait rieur :

- Si ça continue comme ça on va y passer la nuit ! Je suis sûre qu'à l'Institut ils ne remarqueront même pas notre absence si on ne va pas dîner !

Au fur et à mesure de notre conversation, Kendra semblait de plus en plus anxieuse. Je remarquai qu'elle mettait plus de temps à chaque fois pour revenir à elle, et pour que ses yeux se réhabituent à la lumière. Elle voulait se lever, mais tituba lorsqu'elle fut sur ses deux jambes.
La pluie continuait de tomber dehors. On croirait presque au déluge tellement il y avait d'eau partout. Le tonnerre se faisait entendre très souvent, et faisait trembler les murs des écuries. J'espérais que les chevaux n'avaient pas trop peur de l'orage, parce que sinon ils devaient être dans tous leurs états.
Puis je me remis à penser à Kendra, et la voilà qui dit d'une toute petite voix :

- Je ne sais pas ce qui s'est passé, dit-elle à Enly, qui paraissait toujours soucieuse, d'habitude je ne fais jamais de malaise.

- Tu es peut-être un peu fatiguée voilà tout, lui dis-je d'un ton rassurant.

Cependant, je m'inquiétais pour elle. Même si mon ton se voulait rassurant pour qu'elle reprenne confiance, et un peu de punch, je me demandai ce qui pouvait bien la troubler ainsi. Peut-être que ma prémonition m'avait révélé les causes des ses malaises. Elle avait surement des flash de son enfance. Enfin cela était qu'une hypothèse, et j'effaçai vite cette idée, car je ne voulais pas que cela soit ça. Elle devait souffrir si c'était ce que je pensais.
Elle changea totalement de visage, alors que moi j'étais plongée dans les profondeurs de mes pensées. Et elle me dit :

- Si ça continue comme ça on va y passer la nuit !
Je suis sûre qu'à l'Institut ils ne remarqueront même pas notre absence
si on ne va pas dîner !

- Oui tu as raison, fis-je en relevant la tête vers elle. Mais nous devrions quand même y aller, il commence à se faire tard, et on risque de ne pas pouvoir dîner. Et puis il fait pas très chaud ici, dis-je avec un petit rire.

Je commençai à me diriger vers la porte pour sortir, et je me retournai vers Kendra pour voir si elle me suivait, et lui lançai un regard pour lui dire que j'aimerai qu'elle vienne avec moi.

- Oui tu as raison, dit-elle en souriant. Mais nous devrions quand même y aller, il commence à se faire tard, et on risque de ne pas pouvoir dîner. Et puis il fait pas très chaud ici !

Kendra esquissa un sourire. C'était vrai, le temps était déjà frais, mais en plus ses vêtements trempés n'allaient pas en l'aidant. Elle jeta un regard vers l'une des fenêtres. Un dernier coup de tonnerre retentit non loin d'elles, puis, contre toute attente, la pluie se calma.

- Tu n'aurais pas le don de contrôler la météo aussi ? lança-t-elle en rigolant.

Le malaise qu'elle avait ressenti à peine quelques instants auparavant s'envolait déjà en un lointain souvenir. Se retournant vers Enly, elle vit que cette dernière lui lançait un regard comme pour l'inviter à la suivre. Kendra lui répondit par un sourire et s'avança vers elle.
Elle se sentait mieux. C'était la première fois que Kendra parvenait à se faire une amie dès sa première rencontre.
Enly franchit la porte et traversa les écuries, Kendra sur ses talons. Lorsqu'elle ouvrit la grande porte qui donnait sur l'extérieur, une petite bourrasque fit sursauter les deux jeunes filles. Elles rigolèrent, sortirent des écurires et se dirigèrent d'un pas énergique vers l'Institut où les attendaient un repas bien chaud et des vêtements bien secs.